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COMMUNE PRÉSENCE



Éclaireur comme tu surviens tard

L’arbre a châtié une à une ses feuilles

La terre à bec-de-lièvre a bu le dévoué sourire

Je t’écoutais au menu jour gravir la croisée

Où s’émiette au-dessus de l’indifférence des chiens

La toute pure image expérimentale du crime en voie de fossilisation

Qui prête au bienveillant les rumeurs de l’hostile

À l’irréfléchi le destin du mutiné ?

L’inhumain ne s’est pas servilement converti

Au comptoir des mots enchantés

Indiscernable il rôde sur le tracé des flaques

Et gouverne selon son sang

Gardien de sa raison de son amour de son butin de son oubli de sa révolte de ses certitudes

Charpente constellée

Sont-ils épris de leur propre mort

Au point de ne pouvoir de leur vivant l’attribuant

Se démettre déborder d’elle…


Tu es pressé d'écrire

Comme si tu étais en retard sur la vie

S'il en est ainsi fais cortège à tes sources

Hâte-toi

Hâte-toi de transmettre

Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance

Effectivement tu es en retard sur la vie

La vie inexprimable

La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir

Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses

Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés

Au bout de combats sans merci

Hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière

Si tu rencontres la mort durant ton labeur

Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride

En t'inclinant

Si tu veux rire

Offre ta soumission

Jamais tes armes

Tu as été créé pour des moments peu communs

Modifie-toi disparais sans regret

Au gré de la rigueur suave

Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit

Sans interruption

Sans égarement


Essaime la poussière

Nul ne décèlera votre union.

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René CHAR

LE MARTEAU SANS MAÎTRE